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Autorité parentale après séparation : droits et devoirs des parents à l’école

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Marie TEXIER

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Lorsqu’une séparation survient, s’organiser autour de la scolarité des enfants devient un vrai défi. Après avoir accompagné de nombreuses familles à travers ce parcours, j’ai constaté que beaucoup de parents …

Autorité parentale après séparation : droits et devoirs des parents à l’école

Lorsqu’une séparation survient, s’organiser autour de la scolarité des enfants devient un vrai défi. Après avoir accompagné de nombreuses familles à travers ce parcours, j’ai constaté que beaucoup de parents ignorent leurs droits et devoirs concernant l’école. En 2024, selon les chiffres de l’INSEE, près d’un enfant sur quatre vit dans une famille monoparentale ou recomposée en France. Comment continuer à suivre efficacement la scolarité de son enfant quand on ne partage plus le même toit ? Quelles sont les règles qui s’appliquent pour les décisions scolaires ? Voici un éclairage pratique pour naviguer sereinement dans cette situation.

Droits égaux des parents séparés face à l’école

La séparation ne modifie en rien l’exercice de l’autorité parentale qui reste commune aux deux parents. Cette réalité juridique se traduit concrètement dans la relation avec l’établissement scolaire. Chaque parent conserve un droit égal à l’information concernant la scolarité de l’enfant.

Contrairement à une idée reçue, les deux parents doivent recevoir les bulletins scolaires, même si l’enfant vit principalement chez l’un d’eux. Depuis la circulaire du 13 octobre 1999, les établissements sont tenus d’envoyer les résultats aux deux adresses communiquées lors de l’inscription. Si vous ne recevez pas ces informations, n’hésitez pas à le signaler rapidement au secrétariat de l’école.

Les réunions parents-professeurs constituent également un moment crucial pour suivre le parcours scolaire. Les deux parents peuvent y assister, ensemble ou séparément selon leur entente. L’équipe éducative doit informer les deux parents de la tenue de ces rendez-vous, et chacun peut solliciter un entretien individuel avec les enseignants si nécessaire.

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Ce tableau résume les droits fondamentaux des parents séparés concernant l’information scolaire :

Document/Événement Droit du parent hébergeant Droit du parent non hébergeant
Bulletins scolaires Reçoit systématiquement Doit recevoir systématiquement
Réunions parents-professeurs Doit être informé Doit être informé
Absences/incidents Est informé Peut demander à être informé
Décisions d’orientation Doit donner son accord Doit donner son accord

Décisions scolaires importantes : quand l’accord des deux parents est nécessaire

Dans le parcours scolaire d’un enfant, certaines décisions engagent son avenir et sont considérées comme des actes non usuels nécessitant l’accord des deux parents. Ces choix importants ne peuvent être pris unilatéralement, même par le parent qui héberge l’enfant la majorité du temps.

Les décisions d’orientation scolaire entrent dans cette catégorie. Lors des paliers d’orientation en 3ème ou en terminale, les deux parents doivent valider les choix d’orientation. Cette règle s’applique également pour :

  • Le redoublement ou le saut d’une classe
  • L’inscription dans un établissement privé
  • Le changement d’établissement (hors déménagement)
  • L’inscription à des options déterminantes pour l’avenir
  • La mise en place d’un accompagnement spécialisé (RASED, SEGPA…)

En cas de désaccord persistant sur ces sujets, les parents ne sont pas laissés à eux-mêmes. Le juge aux affaires familiales peut intervenir pour trancher le litige. Dans de nombreux cas, il propose d’abord une médiation familiale pour aider les parents à trouver un terrain d’entente, respectant l’intérêt supérieur de l’enfant. Depuis la loi du 26 mai 2004, cette médiation est devenue un outil privilégié pour résoudre les conflits parentaux.

Actes usuels de la vie scolaire : qui peut décider quoi ?

Pour faciliter le quotidien, certaines décisions relevant de la vie scolaire courante sont considérées comme des actes usuels pouvant être pris par un seul parent. Ces actes bénéficient d’une présomption d’accord de l’autre parent, sauf opposition explicite de sa part.

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Parmi ces actes courants, on retrouve :

  1. Justifier une absence ponctuelle (mot d’excuse)
  2. Inscrire l’enfant à la cantine ou à l’étude
  3. Autoriser une sortie scolaire sans nuitée
  4. Réinscrire l’enfant dans le même établissement
  5. Demander un rendez-vous avec un enseignant

La demande de dérogation à la carte scolaire représente un cas particulier. Bien qu’initialement considérée comme un acte usuel pouvant être effectuée par un seul parent, cette présomption tombe dès que l’autre parent manifeste son désaccord. L’administration exigera alors les deux signatures parentales avant de traiter la demande.

Concernant l’implication d’un beau-parent dans la vie scolaire, il est utile de noter qu’en dépit de son investissement quotidien, celui-ci n’a aucun statut juridique officiel auprès de l’école. Il ne peut ni voter aux élections de représentants de parents d’élèves, ni signer les documents officiels. En revanche, avec l’accord des deux parents biologiques, il peut participer aux réunions ou venir chercher l’enfant à l’école.

Participation à la vie de l’école : des droits maintenus pour les deux parents

S’impliquer dans la vie scolaire reste possible pour les deux parents après une séparation. Les parents divorcés ou séparés conservent leur droit de vote et d’éligibilité aux élections des représentants de parents d’élèves. Chacun reçoit le matériel de vote à son domicile et peut se porter candidat.

Fait intéressant, les deux parents peuvent même siéger simultanément au conseil d’école ou au conseil d’administration, que ce soit sur la même liste ou sur des listes concurrentes. Cette participation permet de rester informé des projets de l’établissement et de contribuer activement à la vie scolaire, maintenant ainsi un lien précieux avec l’environnement éducatif de l’enfant.

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Pour maintenir une communication efficace avec l’école malgré la séparation, pensez à :

Communiquer clairement votre situation familiale au secrétariat et aux enseignants en début d’année

Fournir les coordonnées complètes des deux parents pour recevoir toutes les informations

– Privilégier les outils numériques (cahier de texte en ligne, messagerie électronique) qui facilitent le suivi à distance

– Envisager un agenda partagé pour coordonner votre présence aux événements scolaires

L’essentiel reste de préserver l’enfant des tensions parentales et de lui montrer que, malgré la séparation, ses deux parents restent impliqués dans sa réussite scolaire. Cette continuité éducative constitue un facteur déterminant pour son épanouissement et sa réussite.

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