Depuis plusieurs mois, l’idée d’une convention citoyenne dédiée à l’éducation fait son chemin dans le débat public. Ce rendez-vous, longtemps attendu par les acteurs éducatifs, semble enfin se concrétiser. Le 2 mai 2025, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’une convention citoyenne axée sur « les temps de l’enfant », répondant partiellement à une demande portée depuis septembre 2024 par plusieurs organisations de parents d’élèves.
Une mobilisation citoyenne qui porte ses fruits
Depuis le début de l’année scolaire 2024-2025, nombreux sont ceux qui militent pour une réflexion collective sur notre système éducatif. La pétition lancée le 6 septembre 2024 sur la plateforme Le Mouvement a rassemblé des milliers de signatures, témoignant d’une préoccupation nationale autour de l’avenir de notre école.
Étant mère impliquée dans mon association locale de parents d’élèves, j’observe quotidiennement les inquiétudes exprimées lors de nos réunions. Les familles souhaitent être entendues sur des sujets qui dépassent largement la question des rythmes scolaires. Lors de notre dernière assemblée, plusieurs parents ont partagé leurs difficultés face à l’orientation de leurs adolescents ou l’accueil d’enfants à besoins particuliers.
Le succès de cette mobilisation citoyenne s’explique par une conviction partagée : notre système éducatif mérite une réflexion collective approfondie, à l’image des conventions précédemment organisées sur le climat ou la fin de vie. Ces dispositifs démocratiques ont prouvé leur capacité à produire des propositions innovantes issues de la société civile.
Les enjeux éducatifs qui dépassent la question des rythmes
Si l’annonce présidentielle du 2 mai constitue une avancée, plusieurs organisations dont la FCPE ont rapidement souligné la nécessité d’élargir le périmètre des discussions. Dans un communiqué publié le 5 mai 2025, ils appellent à ne pas limiter cette convention aux seuls temps de l’enfant et rythmes scolaires.
Voici les thématiques jugées essentielles à aborder lors de cette convention citoyenne :
- La mixité sociale et scolaire, condition indispensable à l’égalité des chances
- L’école inclusive et ses moyens pour accueillir tous les enfants
- L’orientation et la préparation aux métiers de demain
- L’intégration des nouvelles technologies dont l’intelligence artificielle
- La formation des enseignants face aux défis contemporains
Ayant travaillé plusieurs années en classe élémentaire, je mesure combien ces questions sont interdépendantes. Repenser les rythmes sans aborder la formation des personnels ou la mixité sociale risque de produire des réformes partielles, insuffisantes pour répondre aux défis que rencontre l’école aujourd’hui.
Un calendrier ambitieux pour les six prochains mois
La convention annoncée devrait se déployer sur une période de six mois, offrant un temps substantiel pour des débats approfondis. Ce calendrier, calqué sur celui des précédentes conventions citoyennes, prévoit plusieurs phases :
Période | Étapes prévues |
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Juin-Juillet 2025 | Tirage au sort des participants et formation aux enjeux éducatifs |
Septembre-Octobre 2025 | Auditions d’experts et débats thématiques |
Novembre 2025 | Élaboration des propositions |
Décembre 2025 | Remise des conclusions au gouvernement |
Lors des réunions de notre association de parents, j’ai souvent constaté combien le manque de temps constitue un obstacle majeur à l’élaboration de solutions pérennes. Cette temporalité de six mois devrait permettre aux participants de s’approprier des sujets complexes et d’éviter les conclusions hâtives.
Par contre, l’expérience des précédentes conventions montre que le véritable enjeu réside dans la traduction politique des recommandations citoyennes. Sans engagement clair sur la mise en œuvre des propositions, cette convention risque de générer des attentes déçues.
Vers une redéfinition collective de notre pacte éducatif
La revue spécialisée de la FCPE avait consacré son numéro de décembre dernier à l’urgence de repenser les missions fondamentales du service public d’éducation. Cette publication, largement diffusée dans les réseaux de parents, soulignait la nécessité d’un débat national dépassant les clivages partisans.
Les enfants que j’accompagne quotidiennement dans leurs apprentissages expriment, à leur manière, cette attente d’une école plus adaptée à leurs besoins. Quand mon fils aîné me demande pourquoi il doit étudier certaines matières ou que ma cadette s’interroge sur l’utilité de certains devoirs, je perçois l’importance d’inclure la parole des premiers concernés dans nos réflexions collectives.
La question fondamentale qui devrait guider cette convention reste celle-ci : quelle école voulons-nous pour préparer nos enfants aux défis du XXIe siècle ? Cette interrogation dépasse largement le cadre des emplois du temps ou des vacances scolaires pour toucher à notre vision commune de l’éducation et de la citoyenneté.
L’expérience des pays nordiques ou du Québec nous montre qu’une refonte éducative réussie nécessite un consensus social large et une implication de tous les acteurs. Cette convention citoyenne représente une opportunité unique de bâtir collectivement ce consensus, à condition qu’elle s’ouvre à toutes les dimensions du défi éducatif contemporain.